dimanche 24 avril 2011

Le Sénégal renoue avec le cercle vicieux de la dette publique

Commentaire du dernier rapport de la DPEE sur l’analyse de la viabilité de la dette publique du Sénégal.

Le Sénégal renoue encore avec le cercle vicieux de la dette après avoir bénéficié de l’initiative PPTE.


La dette publique extérieure du Sénégal a plus que doublé en 4 ans, passant de 864 milliards F CFA à 1752 milliards F CFA en 2010. La dette intérieure se chiffre maintenant à 438 milliards F CFA. Signalons au passage que l’encours des emprunts bancaires est brusquement passé de 0,7 milliards en 2009, à 30 milliards en 2010, ce qui semble donner plus de certitude par rapport à l’emprunt bancaire évoqué pour l’organisation du FESMAN. L’encours total d’endettement public s’est chiffré à 2190 milliards, soit 34,4% du PIB. Cette situation fait office d’une contradiction par rapport aux objectifs de la politique d’endettement élaborée par le ministère des finances. Avec ces chiffres, loin du scénario optimiste qui est de 24,4% du PIB en 2010, le Sénégal vient même de franchir le scénario pessimiste qui fixait une limite de 28,9%. Le service de la dette extérieure est passé de 50 milliards en 2006 (effet des facilitations PPTE) à 70% milliards en 2010. A ce rythme d’endettement, le service de la dette va dépasser la barre des 120 milliards en 2012 et redevenir le fardeau qu’il était dans les années 90. Ce qui est frappant, c’est le rythme furtif avec lequel le Sénégal est en train de renouer avec le cercle vicieux de la dette et le surendettement qui ont été à l’origine du programme PPTE. Le surendettement contraste avec le modèle d’économie de marché adopté. Il décourage l’investissement et les initiatives privées, relativement à la pression fiscale que cela va inéluctablement nécessiter. C’est pourquoi, la pression fiscale est à 18,9%, bien au delà du plancher communautaire qui est de 17%.
Ces chiffres viennent également corroborer les tendances dépensières débridées du gouvernement. Or, dans cette situation tendue d’augmentation vertigineuse des prix à la consommation, la logique voudrait que l’Etat baisse la pression fiscale pour juguler l’inflation. D’ailleurs, il importe d’attirer l’attention sur le fait que la baisse de la consommation du fait de l’inflation et le découragement de l’investissement du fait du surendettement et de la pression fiscale, remettent en cours les prévisions de croissance avancées par la DPEE.


Dr Elhadji Mounirou NDIAYE, Enseignant-chercheur
Chef du département Sciences économiques et de Gestion
Université de Thiès